Comment construire son sujet ?

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Dans cet article, nous verrons quelques conseils pour construire un bon sujet. Cette étape assez difficile à aborder en pratique est primordiale pour la réussite.


Construire son sujet constitue l’une des étapes les plus difficiles pour de multiples raisons :

  • Incapacité à prédire les résultats des travaux futurs et leur faisabilité, 
  • Manque de visibilité sur les ressources disponibles et le temps de travail, etc.

Il s’agit certes d’une des questions les plus difficiles surtout quand on est étudiant et qu’on ne connait pas grand chose mais c’est l’une des questions les plus importantes. Un sujet bien construit permettra d’éviter pleins pleins de difficultés par la suite. 

Illustration idée

Mais qu’est ce qu’un bon sujet ?

Un bon sujet est un sujet pour lequel on est capable de fournir des propositions de solutions, des résultats ou une quelconque forme d’apports pertinents. Il faut tout de suite être clair:un bon sujet n’est pas forcément un sujet qui va conduire à des découvertes ou à des résultats innovants. Gardez en tête qu’une expérimentation cohérente même si elle n’est pas concluante est très utile ! 

Vous offrez une base aux prochaines personnes qui vont se poser ces questions, des explications sur les échecs de votre approche. 

Le sujet choisi peut être un sujet de : 

  • Revue : comparer des méthodes connues mais jamais comparer entre elles et expliquer les différences. Comparer des méthodes dans un cadre nouveau ou domaine. 
  • Recherche : faire l’extension d’un modèle, adapter des recherches existantes à votre domaine. Les sujets sont variés.  Un sujet sur la construction d’un modèle statistique dans le cadre de la détection de fraude bancaire peut être étudié comme un projet sur les extensions à envisager suites à de nouvelles réformes ou lois.
  • Opérationnel : appliquer une méthode existante dans un nouveau cadre. L’utilisation d’outils de génération de texte et d’images (comme ChatGPT) pour booster les performances marketing.

 

Quoi qu’il en soit, inutile de chercher à définir directement le sujet dans les moindres détails. Il faut commencer par être assez générique avant de converger petit à petit vers un sujet clair. 

 

Les étapes pour trouver le sujet de son projet

Trouver son thème

Avant d’aller plus loin, il faut pouvoir définir les grandes problématiques qu’on peut et/ou veut traiter. L’environnement de travail est une bonne manière de trouver sa thématique, le diplôme préparé ou l’entreprise d’accueil (stage ou alternance). 

L’objectif de la définition du thème est de réduire au maximum le champ des possibilités. Il faut donc prendre en compte les contraintes liées à son cadre et ses préférences. 

Par exemple, si j’ai une préférence pour les sujets liés à la santé et à la data science, je me retrouve avec quelques mots clefs qui permettront de filtrer mes réflexions. Si mon responsable travaille sur des sujets d’incapacité/invalidité, c’est aussi un filtre qui s’applique. Regardez autour et à l’intérieur de vous pour trouver le maximum de filtres assez simples à appliquer.

Les contraintes à prendre en compte pour faire ces choix

Le champ des possibilités reste assez large, mais au moins on ne cherche pas dans tous les sens. Le pire scénario c’est vraiment d’être dispersé entre plusieurs grands mots clés. Par exemple, ne pas savoir si on va faire un sujet d’assurance vie ou d’assurance non vie. 

Il faut ensuite pousser pour trouver la problématique qu’on a envie de résoudre avec son sujet.

Trouver sa problématique

Il faut maintenant être plus concret et se mettre à lister l’ensemble des idées de sujets. Ces sujets peuvent provenir des discussions avec des encadrants, des cours, des appétences personnelles et des connaissances générales.

Le plus important est de pouvoir s’approprier la problématique qu’on va définir. Dans l’idéal, il faudrait que ce soit des problématiques qui vous intéressent au maximum. En effet, même si vous êtes très bien accompagnés, vous allez être les seuls à réellement travailler le sujet et fournir les résultats, personne ne fera les recherches, la rédaction, les implémentations, les expériences à votre place. Si vous n’aimez pas votre problématique, ça va être chaud. 

Si votre thème vous est un peu imposé par les contraintes entreprises ou école, tentez de vous approprier la problématique. Pourquoi est-ce que ce sujet est important ? Qu’est ce qu’il m’apporte ? Pourquoi est-ce qu’il est intéressant ? 

Vous pouvez trouver de bonnes idées de problématiques en cherchant sur Arxiv ou sur google scholar. Je ne suis pas en train de vous proposer de choisir un problème trop technique mais plutôt de consulter  les dernières tendances, l’ensemble des problématiques qui ont conduit à des recherches. Ce sont des travaux que vous pourrez peut-être envisager à plus faible échelle. 

Vous pouvez également lire d’anciens projets pour vous faire une idée des limites de ceux-ci et des pistes d’amélioration. Vous pouvez aussi contacter des personnes qui évoluent dans le domaine pour trouver quelques idées pertinentes, parler à vos encadrants, regarder dans vos cours, des livres etc. 

Personnellement, j’ai trouvé l’idée de mon thème en lisant un article d’Arthur Charpentier. Deux mois plus tard, alors qu’on ne trouvait pas un sujet satisfaisant j’ai repensé à l’article et j’ai proposé une problématique qui traitait du même sujet. L’article traitait de l’équité en utilisant du deep learning. J’ai pris une direction totalement différente mais cette lecture m’avait fait découvrir le sujet de l’équité. 

Dans cette phase, il faut récolter le plus d’idées possible sur le thème choisi. Il faut vous impliquer au maximum pour être sûr de partir dans des directions qui vous conviennent. 

Choisir son sujet

Plusieurs idées de sujets sont identifiées, il faut maintenant pouvoir choisir le sujet à retenir. 

La faisabilité

Est ce que vous pensez avoir le temps, les moyens et les compétences pour proposer/ implémenter des solutions aux problèmes ? Comme je l’ai dit plus haut, il n’est pas indispensable de trouver une solution qui fonctionne. Le fait de faire des expériences cohérentes qu’elles soient concluantes ou pas est déjà un apport de taille. 

Pour les compétences et les capacités

Quelles compétences techniques demandent le sujet ? Est-ce des compétences qui m’intéressent ? Des compétences que je peux acquérir ? Est ce que je serai dépendant d’une autre personne ? Quelles sont les disponibilités de cette personne ? Comment est-ce qu’elle encadre des projets de fin d’études en général ? 

Il y a des sujets qui demandent d’avoir une expérience pratique conséquente (chose que vous n’avez pas forcément) et donc si les personnes qui vous accompagnent pour la partie expertise ne sont pas disponibles vous vous retrouvez tout simplement bloqué. 

Il s’agit d’un goulot d’étranglement. Évitez au maximum ces goulots (vous avez fini mais vous ne pouvez pas aller plus loin sans la validation de quelqu’un qui n’est pas disponible). Ayez toujours un plan B, posez vous la question comment est ce que je pourrai continuer à avancer dans ce sujet si jamais je n’ai pas de retour rapide ?

Illustration d'un goulot d'étranglement

En informatique, goulot d’étranglement représente un point du système qui limite les performances globales. Imaginez que vous avez un ordinateur surpuissant mais que le temps de lecture de vos données est extrêmement lent.

En entreprise, il s’agit d’une étape de fabrication qui a la plus faible cadence dans un flux de production. Votre équipe est capable de processer une dizaine de dossiers par semaine mais l’équipe chargée de faire les validations ne peut qu’en valider 5 par semaine.

Vous l’aurez bien compris, c’est le fait d’être ralenti par la productivité d’une autre personne. 

Dans certains cas ils sont très difficiles à contourner ou on a juste pas envie de tourner autour du sujet alors qu’avec des réponses on pourrait être plus efficace. En général, je pense que dans un projet de fin d’études on peut toujours réutiliser l’information. Donc si vous êtes face à un goulot d’étranglement, trouvez  des choses intéressantes à faire auxquelles vous pourrez entièrement vous consacrer (et pas juste tourner autour du pot). 

Les ressources à votre disposition

Ressources matérielles

La même chose est valable pour les ressources matérielles. Si vous avez besoin pour l’un des sujets d’un ordinateur surpuissant, il faut vous assurer que vous allez réellement l’avoir au moment venu. Posez les bonnes questions en vous assurant d’insister sur le fait que le choix de votre sujet en dépend. Renseignez vous auprès des plus seniors. 

La question des données

Quelle est la disponibilité des données dont vous avez besoin et quel est leur vrai contenu ? Préparez des plans B !

Deux cas très classiques : 

  • les données ne sont en réalité pas disponibles (ou difficilement accessibles pour vous). Vous avez besoin de certaines données alors que votre département n’a pas les autorisations pour utiliser ces données. 
  • les données sont disponibles mais ne correspondent pas à vos travaux ou ne s’imbrique pas bien. La finesse n’est pas la bonne, les variables ne sont pas les bonnes etc.

 

Quand vous choisissez une direction, assurez vous d’avoir des plans de secours au cas où vous êtes bloqué indépendamment de votre volonté. 

Dans mon cas, j’avais trouvé une base de données open data que j’aurais pu utiliser si je n’avais eu les données dont j’avais besoin. J’ai aussi choisi un sujet qui nécessitait beaucoup de recherches bibliographiques pour ne pas me retrouver bloqué. Et ce travail nécessitait autant de recherche bibliographique parce que c’était un sujet nouveau dans mon secteur. Ce qui nous envoie au prochain point: originalité et cohérence.

Cohérence et originalité 

Le sujet doit dans la mesure du possible être cohérent avec les travaux de votre entreprise / votre choix de carrière / votre formation. Plusieurs n’auraient pas choisi de faire un projet de fin d’étude s’il avait eu le choix mais vu que nous sommes obligés autant en faire une bonne opportunité. Le temps et le travail investi (même si vous trouvez que vous n’avez pas fait grand chose) est non négligeable. Profitez-en pour apprendre de nouvelles choses, pour vous informer sur votre métier, pour en découvrir les rouages etc. 

Pour la partie originalité, trouver un sujet qui n’a pas encore été largement traité dans d’autres projets ou des applications nouvelles d’anciens sujets. Cela peut être une nouvelle technologie, de nouveaux modèles, de nouvelles applications, etc.

 

En résumé, faites des filtres rapides pour restreindre le champ des possibles, trouver le maximum de problématiques possibles, sélectionner le meilleur suivant vos contraintes et vos préférences. 

Important : pour cette série, je réfléchis à créer un “article compilation” de conseils, retours d’expériences, idées etc. Tout ce que vous pensez être utile pour réussir son projet de fin d’études. N’hésitez donc pas à me faire part de vos retours dans les commentaires ou par message sur LinkedIn. Je ferai une compilation de ces retours dès que j’en aurai eu assez. J’espère vous lire bientôt ! Merci à ceux qui ont déjà partagé leurs retours avec moi 😉.